Résolution

Li-Cam

Premier essai de lecture de cette auteure assez atypique que j'ai eu la chance d'écouter dans diverses conférences aux Utopiales 2019.

Résolution

Quelques mots sur l'auteur. Li-Cam est un écrivain français.

Issue d’un melting pot culturel qui réunit plusieurs continents dans une même famille, Li-Cam a été suivie toute son enfance par une équipe de médecins et pédopsychiatres spécialistes des grands prématurés, pour une immaturité cérébrale à l’origine de troubles instrumentaux et autistiques, ainsi qu’un important retard de croissance.

C’est lors d’une consultation de suivi, qu’un psychologue lui conseille d’écrire pour purger toutes les images et les idées qui tournent sans fin dans sa tête. Ce sera la solution qui la libèrera de ses angoisses et de sa prison d’abstraction. Comme elle l’écrit dans la nouvelle graphique "Fuite de fluide" parue en 2006 chez Organic Éditions : "L’encre ancre à la réalité".

Bien qu’elle écrive depuis l’âge de 10 ans, elle a longtemps considéré cette activité uniquement sous le biais thérapeutique, sans se soucier de qualité ou de publication.

C'est seulement à partir de 2005, avec la parution de plusieurs nouvelles graphiques chez Organic Éditions et notamment avec "La Petite Bébêth" qui parle de son enfance et décrit l’autisme de haut niveau de fonctionnement, qu’elle aura la joie de découvrir que d’autres peuvent se retrouver dans ses écrits.

Pitch. L’Adelphie est une communauté affranchie du continent, un îlot indépendant du reste du monde sis à Langlade et construit selon les principes et valeurs d’un seul être humain: Wen. Ce qui fut au commencement un simple blog où la jeune femme exprimait ses pensées ou désirs, Le Monde selon Wen, est devenu la pierre d’angle d’une utopie exceptionnelle sur laquelle veille une Intelligence Artificielle au comportement solaire: Sun. Et parce que Wen –solitaire, militante, inspirée– était la candidate idéale désignée par le jeune docteur Yao Kouamé, elle a donné à son double électronique l’humanité qu’il lui manquait, afin de rendre compte de ce nouveau modèle de vivre-ensemble.

Alors qu’au dehors la société n’a pas résisté au grand effondrement et que les huit milliards d’êtres humains se sont enlisés dans un système absurde, les Adelphes réinventent une harmonie que d’autres avaient jugé illusoire. De cette résolution est née un espace où le libre-arbitre et la libre-existence sont roi et reine: c’est une société neuve, fragile, appuyée par des innovations technologiques audacieuses qui se bâtit. Et chaque jour, Ben, Jenny, Laura, Vanilla, Simon, Yao et leur entourage en font l’expérience.

Ce que j'en ai pensé. Les romans utopiques et positifs étant assez rares en ce moment, il est donc intéressant et même nécessaire de se plonger dedans lorsqu'on a la chance d'en croiser un. Nous avons donc ici affaire à une micro société qui tente de mener une expérience à l'échelle d'une communauté au sein d'un monde en plein effondrement. L'univers extérieur à la communauté est assez peu décrit, le roman étant assez court, et il faut donc supposer que la communauté doit sa tranquilité à son isolement.

Le roman repose en très grande partie sur son personnage central, Wen, que l'on va découvrir petit à petit au fur et à mesure que l'histoire avance. Toute comme le fonctionnement de la communauté, Wen, dont les écrits sur son blog sont à l'origine, restera longtemps un être que l'on ne connaîtra peu, et surtout à travers l'IA qui gère l'utopie.

Le roman ne repose pas sur une intrigue développée mais plus sur ses personnages, leurs intéractions, et la bienveillance de la communauté. C'est donc une tranche de vie de cette communauté, pour nous la faire découvrir, qui nous est offerte ici. Le tout est remarquablement bien écrit, sur un ton qui pourrait passer pour froid mais qui est très juste quant à l'expression des sentiments qui se dégage.

C'est un roman qui fait beaucoup de bien, qui nous montre des personnes assez différentes de celles que l'on rencontre habituellement dans les récits d'anticipation. Il est certain que la personnalité de l'auteure ressort ici énormément et cela donne une très belle et très sensible histoire.

diaspora*
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