Moi Cheeta

James Lever

Après le roman original de Tarzan, voila une plongée du côté du cinéma de l'âge d'or d'Hollywood vu par un acteur clef : Cheeta.

Moi Cheeta

Quelques mots sur l'auteur. Ces mémoires vraisemblables, sinon « authentiques », sont issus du colossal travail de documentation de James Lever (né en Angleterre en 1974), qui à l'âge de 20 ans écrivit un livre somme de 800 pages intitulé News Sport Weather (Actus Sport Météo), avec pour ambition de parler de tout... et qui ne fut jamais publié.

Derrière le nom de James Lever, prétendument auteur comique à Londres, les critiques anglais ont renchéri d'imagination pour savoir si ne se cachait pas un écrivain connu, tel Will Self ou Vila Matas.

Pitch. Quand Cheeta prend la plume pour raconter ses mémoires, il est le plus vieil animal de cinéma vivant (76 ans et des poussières...) : pensionnaire d'une maison de retraite de luxe à Palm Springs (Californie), il a entamé une carrière de peintre abstrait, mais n'a rien oublié de son enfance dans la jungle africaine ni de sa carrière à Hollywood.

Devenu une star dès le premier Tarzan (1934), Cheeta porte un regard caustique et sans concession sur Hollywood, dont il va rendre compte des moindres travers. Ses années de gloire, les potins des stars, les studios et leurs mœurs dissolues, son addiction à l'alcool ou à la drogue (sa première banane lui rappelle a posteriori sa première dose de cocaïne). Drôle, léger, rythmé, divertissant, c'est le Hollywood Babylon de Kenneth Anger vu par un singe.

Cette saga est aussi le récit d'une « ascension sociale », avec son lot d'amertumes, de cruautés et d'humiliations, subies par un enfant perdu qui restera toujours un parvenu (troublant parallèle entre le singe et l'acteur Weissmuller, unis par une amitié quasi amoureuse !) L'auteur de cette fresque caustique sur les rapports hommes-animaux, dans la lignée de Vercors (Les Animaux dénaturés) ou de Roy Lewis (Pourquoi j'ai mangé mon père) parvient même à faire oublier qu'il s'agit des paroles d'un singe !

Ce que j'en ai pensé. À travers le point de vu du singe Cheeta, l'auteur cherche ici à nous faire découvrir le cinéma de la grande époque d'HollyWood depuis l'entre-deux guerres jusqu'aux années 70. La forme est donc auto-biographique en commençant par la capture en Afrique puis les magasins animaliers et enfin les plateaux de cinéma.

Même si l'objectif est de parler de cette époque, c'est aussi, et même surtout, une histoire d'amitié entre Cheeta et Johnny Weissmuller au délà des films. Nous suivons donc tout autant le singe que l'homme et, à travers le regard jaloux de Cheeta, les femmes autour de l'acteur : d'un côté, les actrices qui ont tourné avec - principalement les interprêtes de Jane, et de l'autres les épouses de Johnny.

Globalement, le niveau est assez inégal. Les parties concernant Hollywood et la vie de Johnny sont les plus intéressantes et j'ai beaucoup regretté ue les frasques hollywoodiennes ne soient pas plus développés, le prétexte du livre s'y prêtait bien. Il faudra donc que je me tourne vers des livres traitant plus spécifiquemet de cette époque.

Au final, et malgré les quelques réserves, le livre est bien plaisant et d'une lecture très agréable. Pour les puristes, on peut signaler que, contrairement à la légende, Cheeta ne fut pas unique mais qu'ils furent plusieurs à se succéder pour le rôle. Mais la légende est plus belle donc...

diaspora*
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