Les travaillants

Grégoire Courtois

Sous des dehors assez légers, ce court roman anticipe de manière assez fine les relations dans le monde du travail.

Les travaillants

Quelques mots sur l'auteur. Grégoire Courtois est né en 1978, vit et travaille à Auxerre. En tant que journaliste et chroniqueur, il collabore depuis 2001, sous le pseudonyme de « troudair », au webzine Fluctuat.net et sur le blog AEIOU consacré à l’art numérique. Depuis 2002, il mène avec le cinéaste et photographe Jean-Luc Perreard le projet « tommytommy ». En 2006, le metteur en scène Jean-Marie Perret monte sa pièce « Peu de risques d’inondation ce printemps au Manitoba », conçue à partir de fragments de ses textes et dont la première a lieu au Théâtre d’Auxerre la même année. En 2009, sa pièce « La première ville de l’histoire de l’Humanité » est créée dans une mise en scène de Florent Fichot.

Pitch. Ici, nous sommes dans le royaume du travailler plus, mais à une époque située dans un futur post apocalyptique où les êtres humains en sont réduits à vivre dans des bureaux cloisonnés dans de grandes tours de verre d'un autre siècle. Ce ne sont plus des êtres humains mais des travaillants.

Dans leur box, prostrés sur leur écran, ces travaillants ne peuvent se défaire de la paranoïa qui les tenaille à longueur de journée, celle qui les maintient dans la crainte d'un système occulte qui peut à tout moment et au moindre écart les affecter à la rue, châtiment bien plus terrible que la mort.

Enfermés dehors, ce ne sont plus des travaillants mais des chats.

Une métaphore acérée du monde du travail qui se vide de son humanité, un monde que dépeint l'auteur avec un cynisme rigoureux et parfois chirurgical particulièrement dérangeant.

Ce que j'en ai pensé. Après avoir eu vent de ce livre lors d'une chronique de la Salle 101, j'ai voulu découvrir ce livre de manière plus appronfondi. Le style de l'auteur, sans être révolutionnaire, est efficace et sert bien son propos. Le choix de suivre un travaillantpermet de rentrer dans la psychologie du personnage et de comprendre sa relation avec ce monde tourné entièrement autour du travail, même si le but poursuivi n'est jamais donné. Le travail se justifie en lui-même, les tâches sont totalement absurdes ou dénués de sens et, au final, le travail devient une coutûme.

Le ton du roman pourrait être celui d'un exposé sociologique (l'auteur s'étend largement documenté sur des articles assez récents) mais il a choisi au contraire de rendre la vie dans les tours de manière légères, presque satirique.

Une bonne surprise donc et un roman qui peut pousser son lecteur à se renseigner sur les travaux à l'origine du livre.

diaspora*
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