Les mariages enre les zones trois, quatre et cinq

Doris Lessing

J’ai peu l’occasion de lire des romans écrits par des prix Nobel, le plus souvent par manque d’attirance par le thème proposé. Ce roman de Doris Lessing a donc été une occasion rare pour moi.

Les mariages enre les zones trois, quatre et cinq

Quelques mots sur l'auteur. Doris Lessing (née Doris May Tayler) est un écrivain britannique, lauréate du prix Nobel de littérature 2007.

A 18 ans, elle déménage à Salisbury et travaille un an comme standardiste. Un an plus tard, elle se marie avec Frank Wisdom dont elle a deux enfants, mais elle les quitte et, rapidement elle se remarie et a un fils avec Gottfried Lessing.

A 36 ans, avec son fils, elle revient à Londres et commence sa carrière d'écrivain. Devenue célèbre dès son premier livre, "Vaincue par la brousse" (1950), elle apparaît rapidement comme un auteur aux idées libérales.

En 1954, très engagée politiquement, elle perd définitivement ses illusions vis-à-vis du communisme. En 1956, elle est interdite de séjour dans toute l'Afrique du Sud et en Rhodésie pour y avoir dénoncé les injustices. Ses désillusions politiques se lisent dans "Retreat to innocence" (1956) et surtout dans "Le Carnet d'or" (1962), reconnu aujourd'hui comme son chef-d'œuvre et qui reçoit le Prix Médicis étranger (1976).

Auteur prolifique, elle a écrit une quarantaine d'ouvrages.

Pitch. Il était une fois, quelque part...

Souveraine de la Zone Trois, contrée harmonieuse tournée vers la sensibilité et la communion — mais dont la juste sérénité a cependant émoussé ses habitants — , Al-Ith reçoit un jour l'Ordre d’épouser le roi de la Zone Quatre, un pays rude, grossier et belliqueux, dont le peuple vit dans la pauvreté en raison de guerres incessantes et voraces. Ce mariage, ou plus précisément l’union charnelle des deux seigneurs, doit permettre l’épanouissement d’une existence neuve, meilleure, dans leurs pays respectifs. Malgré leur hostilité initiale, malgré ce qui les sépare et la brutalité dont fait d’abord preuve le soldat élevé dans la certitude de sa supériorité naturelle, Al-Ith et Ben Ata verront bientôt voler en éclats tout ce qu’ils tenaient pour immuable. Et l’univers entier de s'en trouver profondément altéré.

Ce que j'en ai pensé. Ce roman, bien que faisant partie du cycle Canopus dans Argos, peut se lire de manière indépendante. Il me faudrait vérifier un peu plus de quoi parle ce cycle car, après la lecture, il reste de nombreuses questions à propos de cet univers. Ce n’est pas forcément primordial mais c’est une curiosité qui mérite d’être satisfaite.

La forme choisie ici par l’auteure est clairement allégorique avec l’intention de délivrer un message politique et une réflexion sociologique. En science-fiction, ce n’est pas forcément un problème puisque l’objectif est souvent de parler des problématique du présent en utilisant un décor futuriste afin d’exacerber la problématique en question. Je trouve que cette fois, l’allégorie est un peu trop poussée et le récit manque un peu de rythme. Disons que je n’ai pas trop accroché au style de l’auteure.

Les réflexions soulevées à propos des organisations des sociétés, des hiérarchies, de l’égalitarisme, des rapports humains sont intéressantes mais manquent parfois de profondeur ou de développement, on reste un peu sur sa fin même si on devine où veut en venir l’auteure la plupart du temps.

Sorti en 1980, ce roman montre bien la fin du sentiment de liberté qu’avait apporter les années 70 qui avait pu placer l’édonisme comme idéal pour la jeunesse. En ce sens, l’auteure est parfaitement ici dans son époque en montrant que des systèmes cloisonnés ne peuvent fonctionne éternellement et que l’on peut se nourrir des autres à condition d’évoluer. Malgré tout, la conclusion du roman laisse à penser que cette prise de conscience peut se faire pour quelques individus éclairés mais que cela ne fonctionne guère à l’échelle d’une société. Une conclusion en demi teinte donc, un peu à l’image de ce que j’ai pu penser du roman en général : des idées et réflexions intéressantes à creuser mais cela se fait au détriment de l’intrigue au lieu de mieux l’intégrer.

diaspora*
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