Le camphrier dans la ville flottante

Nicolas Labarre

Encore une découverte due à ma souscription aux Moutons Electriques. Ce roman ci se révèle des plus étranges, tant par son contexte que par le ton et le déroulement de l’intrigue.

Le camphrier dans la ville flottante

Quelques mots sur l'auteur. Nicolas Labarre vit à Bordeaux, où il enseigne la civilisation américaine à l’université Bordeaux-Montaigne. Il est l’auteur de plusieurs livres pour enfants et bandes dessinées généralement illustrés par sa soeur, Amandine Labarre, dont Églantine (2009), La Forêt évanouie (2010) et L’autre Herbier (2015). Il aimerait avoir plus de temps pour jouer aux jeux vidéo mais se contente d’un Galaga de temps à autre.

Pitch. Ils traversent ensemble l'Atlantique au coeur d'un navire monumental, une ville flottante, brutaliste et vétuste, percée de couloirs sombres, de frontières tacites et d'enclaves invisibles.Malgré l'usure du monde, malgré la crise de l'information, Catherine Quine, accompagnée d'un réalisateur et d'un scénariste, a embarqué pour rencontrer le reclus des ponts supérieurs, l'ambassadeur du vieil Hollywood, et signer le contrat le plus juteux de sa carrière, celui qui rétablira le contact entre les vieilles industries du cinéma d'Europe et des États-Unis.Cependant, une insurrection fermente dans le ventre noir du bâteau, où les démunis jettent un regard envieux vers les hauteurs, vers ce camphrier que l'on dit trôner au sommet du navire-cité. Une vague d'assoiffés et de laissés pour compte monte inexorablement et pourrait bientôt les emporter à leur tour.

Ce que j'en ai pensé. Se déroulant entièrement dans un immense paquebot, ce roman m’a tout de suite fait penser à un roman de Gene Wolfe, Home Fires de par son décor et l’ambiance générale. Malgré la taille du navire, c’est bien d’un huis clos qu’il s’agit ici, avec un nombre assez réduit de personnages. L’atmosphère assez lourde est très bien rendu par le style de l’auteur et par la suspicion générale entre les protagonistes et l’évolution du monde telle que décrite dans le roman. En effet, les échanges sont réduit au strict minimum et la tendance actuelle à l’absorption de l’attention par son portable est ici exacerbée.

Par dessus tout cela, il y a l’idée centrale et remarquable : la crise de l’information. Pour résumer, le monde est devenu malade d’un trop plein d’information et, pour sa propre survie, des mesures drastiques ont dû être prises.

Le récit nous fait donc découvrir cet univers étrange avec un personnage qui va se retrouver embarqué malgré lui dans l’histoire.

Au final, malgré les nombreuses typos qui peuvent émailler le récit, c’est une belle réussite qui donne envie de voir ce que va donner ce jeune auteur dans le futur. L’idée de la crise de l’information est particulièrement intéressante et très bien rendue. L’intrigue générale peut pêcher un peu si je repense au roman Home Fires de Gene Wolfe dont le scénario est d’une précision presqu’absolue.

diaspora*
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