La zone du dehors

Alain Damasio

1984 n'est jamais très loin des préoccupations des écrivains de SF. L'auteur nous en offre ici une réinterprétation bien plus terrifiante encore par son actualité.

La zone du dehors

Quelques mots sur l'auteur. Alain Damasio, né Alain Raymond le 1er août 1969 à Lyon, est un écrivain français de science-fiction. Il choisit ce patronyme en l'honneur de sa grand-mère Andrée Damasio.

Jeune, il écrit de nombreuses nouvelles. Son premier texte long vendu à plus de 50 000 exemplaires est La Zone du dehors, roman d’anticipation qui s’intéresse aux sociétés de contrôle sous le modèle démocratique (inspiré des travaux de Michel Foucault et Gilles Deleuze).

Son second livre est récompensé par le Grand prix de l'Imaginaire 2006 dans la catégorie Roman. Il s'agit de La Horde du Contrevent (roman accompagné d'une bande-son composée par Arno Alyvan), véritable succès public qui s'est vendu à plus de 100 000 exemplaires, régulièrement cité dans les incontournables de la science-fiction française.

Pitch. 2084. Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Laquelle ? La nôtre. Souriez, vous êtes gérés ! Le citoyen ne s'opprime plus : il se fabrique. À la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu'on forme, tout simplement.

Au cœur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur pays, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulgurant Slift que rien ne bloque ni ne borne, ils iront au bout de leur volution - et même au-delà, jusqu'à construire cette vie de partage, rouge, que personne ne pourra plus leur délaver.

Ce que j'en ai pensé. Remplacer l'autoritarsime par le consensus est l'idée brillante qui a amenée la social-démocratie à s'imposer comme le système politique le plus largement adopté au sein du monde occidental. En effet, qui est le mieux à même de contrôler et de juger la population qu'elle même. Partant de ce postulat, l'auteur nous décrit une société reprenant parfaitement le principe de l'égalité de tous, la dinstinction ne se fondant que sur l'utilité sociale. Et ce seront vos amis, voisins, collègues qui vous jugeront, comme vous les jugerez.

Un système idéal, totalement démocratique, transparent et qui garantit à chacun que, s'il se comporte au plus près de la norme, il en sera récompensé. La transgression est de fait totalement rejetée si l'on veut progresser. Les aspects positifs (travail pour tous, pas de véritable pauvreté, etc.) valent-ils que l'on y sacrifie toute créativité, indépendance d'esprit, etc. ? C'est en soit le thème du roman.

Si l'auteur prend partie pour l'anarchie et la lutte contre le consensus mou, il ne l'impose pas à son lectorat et libre à chacun de se faire sa propre opinion. Cette prouesse, servie par une langue magnifique et un propos souvent docte et théorique, m'a laissé une forte impression.

A lire et à faire partager le plus largement possible.

diaspora*
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