Norvège #6 : Geiranger-Molde

En découvrant au petit matin l'épais brouillard qui recouvrait le fjord, nous avons décidé de profiter un peu plus du confort de la suite afin d'espérer avoir un panorama plus dégagé du haut de la route des aigles. Il semble qu'au final, cela reste voué à l'échec même si la brume peut encore se déchirer avant d'arriver au sommet.

La route des aigles... la veille

La route des aigles... la veille

Je profite donc de ces quelques instants de calme pour confirmer quelques impressions. Nous avons eu la vérification de l'existence des marées dans les fjords, et ce matin, c'était marée basse. Elles sont de l'ordre d'un mètre environ. Un autre détail concerne mon expérience avec la cuisson des œufs. Le premier jour, j'ai voulu un œuf dur pour manger avec mon jambon fromage (oui, j'aime partir avec le ventre bien plein de l'hôtel le matin). Il était cuit assez correctement. Fort de cette constatation, j'ai retenté naiuml;vement l'expérience les jours suivants avec des fortunes diverses. Le deuxième jour, un troll avait inversé les deux couvercles indiquant la cuisson des œufs sur les plats respectifs ; le troisième jour, pas d'œuf, le quatrième un seul type de cuisson : mollet (et encore je suis généreux sur le terme) ; et hier (enfin ce matin) mon œuf, soit disant, dur s'est révélé tout aussi peu cuit (le blanc était encore liquide par endroit) que l'œuf à la coque de Véronique. Je suis néanmoins parvenu au prix d'un épluchage très laborieux à extraire le jaune pour en tartiner mon pain ! Tout cela pour découvrir ensuite, à côté des pancakes, des œufs frits au bacon qui auraient été autrement plus savoureux.

Malgré la brume et ne pouvant attendre plus longtemps, nous avons repris notre périple en commençant par la route des aigles qui offre, en temps normal, un magnifique panorama sur le fjord. Aujourd'hui, il offrait au mieux une bronchite, mais ayant eu la veille des vues splendides nous ne pouvions guère nous plaindre (mais nous le faisions quand même par principe). La route traversait ensuite divers cols et vallées humides sans que nous ne quittions notre brouillard. La descente vers le fjord suivant pour le ferry nous a toutefois permis de retrouver un temps plus dégagé, du moins au niveau du sol.

Pour éviter les vaches sur la route, nous avions cette fois la chance de suivre un camion à ordures qui ne craignait pas de forcer parfois un peu le passage. Sur l'autre berge commençait la terrible et lente ascension qui devait nous mener au sommet de la route des trolls pour une descente que le climat n'allait pas simplifier. En réalité, la montée à travers des vallées où couraient de tortueux torrents impétueux dans un brouillard qui se réinstallait doucement, pour finir sur un plateau que l'on imaginait désolé, fut à cet égard bien plus éprouvante. Nous fîmes une halte bienvenue à la limite entre deux collines pour observer en même temps les vestiges pétrifiés d'imprudents voyageurs du temps jadis qui avaient osé défier le pays troll.

Les kairns du pays troll

Les kairns du pays troll

En hommage à leur sacrifice, j'élevais là un modeste kairn, espérant ainsi calmer les esprits antiques qui hantent encore souvent ces lieux et que le brouillard cachait à notre vue.

Mon kairn

Mon kairn

Parvenus enfin au sommet, nous avons bénéficié d'une trouée sur le versant nous restant à parcourir, qui nous permit d'admirer à loisir la célèbre route des trolls. Nous y avons retrouvé un car de touristes du Val d'Oise, le seul à être mal garé.

La route des trolls

La route des trolls

Tout compte fait cette descente, admirable à à voir, est bien moins impressionante en voiture que celle de l'hôtel Stalheim, et nous avons donc bien vite quitté le pays troll qui cacha de dépit ses sommets dans un voile impénétrable. Par malice, nous avons même eu droit à la pluie depuis Aring;ndalmes jusqu'à un peu avant Molde.

En chemin, nous avons tout de même fait un détour rapide jusqu'à l'église en bois debout de Rødven, soutenue maintenant comme un vénérable vieillard par de nombreux piliers. Nous avons fait sensation auprès des vaches locales qui semblaient être les seuls habitants du coin.

Eglise de Rødven

Eglise de Rødven

Un dernier ferry puis un court tunnel sous un fjord nous ont permis d'atteindre Molde, au pied de l'Atlantique. Le temps était plus clément et nous en avons profité pour tenter l'ascension du mont Varden qui s'avère être, en dehors de l'affreuse église moderne, le seul intérêt touristique de la ville hors période de festival de jazz. Sur les 220 sommets que l'on pouvait espérer voir, seule une poignée se distinguait de la brume qui couvrait toujours une grande partie des terres.

Panorama depuis le Varden

Panorama depuis le Varden

La chambre s'avèra beaucoup plus classique et sobre que celles des précédants hôtels, ce qui n'est pas pour me déplaire. Nous avons tout de même eu droit à notre Nouveau Testament ainsi que des brochures pour nous aider à mieux vivre. Quand on voit le nombre de personnes âgées avec des déambulateurs dans les rues, on se demande si beaucoup suivent ces préceptes (ou alors ils ont beaucoup trop pratiqué le trampoline).

Comme à l'accoutumée, la vue de la chambre donne sur le fjord et les lits sont toujours fait à la norvégienne. Au vu de la qualité de l'hôtel, nous n'avons guère de crainte quant au buffet qui nous attend.

Nous avons encore croisé aujourd'hui cet étrange petit oiseau gris et blanc que j'ai baptisé pour le moment, faute de mieux, l'autruche naine de Norvège du fait qu'il passe beaucoup plus de temps au sol qu'en vol (après une vérification avec mon ami google, il s'agit d'une bergeronnette grise mais je préfère personnellement mon appellation). Il faudra aussi que je me renseigne sur la sorte de moineau à tête bleue à notre retour. Il est également à noter, même si cela n'a strictement rien à voir, que cette chambre, ainsi que la précédente avaient probablement la taille de notre ancien appartement à Bagneux.

Autruche naine de Norvège

Autruche naine de Norvège

Parmi les autres particularités du pays au niveau de la faune, une concerne le mimétisme de comportement entre les vaches et les chèvres. Nous avons pu nous rendre compte que les vaches, à force de vivre au contact des chèvres, mangeaient n'importe quoi (et n'importe où aussi mais c'est un autre problème), comme par exemple un morceau de tuyau en plastique orange.

Contrairement à la nuit précédente, la chambre ne contenait pas de prise internet au dessus de la baignoire, ce qui évite le vert de gris sur les connexions.

Pour la première fois, nous avions le soir accès au restaurant de l'hôtel en lieu et place du traditionnel buffet. Le cadre était très agréable dans une ambiance de vieux gréements mais où l'on aurait remplacé le matériel de marin par des vieux appareils ménagers et autres conserves antiques (oui quelque part, cela reste norvégien donc un peu étrange pour nos idées européennes). L'affaire s'est rapidement corsée avec le garçon dont on ne comprenait guère que quelques mots de temps à autre. Dans le doute, nous avons acquiescé un peu bêtement à tout ce qu'il nous disait en se demandant à quelle sauce nous allions être mangés. Nos inquiétudes ont fondu lorsqu'il nous a servi une salade aux lardons et flétans (enfin un poisson blanc) sautés qui était excellente. On a ensuite eu droit de nouveau au serveur qui a dû nous dire qu'il n'y avait plus de poisson et qu'il allait nous servir plutôt un steak. En fait du traditionnel et banal steak-frites, ce fut plutôt une poélée d'émincé de boeuf aux légumes avec pommes frites et sauce béarnaise. Très bon également. Le serveur est ensuite revenu pour parler vaguement de café et dessert. On a dit « coffe ! » car nos estomac commençaient à saturer et effectivement un (seul) café est arrivé... puis deux parts de tartes... Bref, nous sommes repartis l'estomac bien rempli en ayant un peu l'impression d'avoir raté quelque chose dans la conversation. En attendant, le « Finnmarker » avait accosté devant notre fenêtre avant de faire un demi-tour sur lui-même et de partir en croisière vers quelques fjords lointains.

diaspora*
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