Hildegarde

Léo Henry

Léo Henry est un grand écrivain que je ne connaissais pas dans ce registre historique. Il nous livre ici une œuvre magistrale autour de ce personnage que l’on connaît assez peu en vérité.

Hildegarde

Quelques mots sur les auteurs. Après un master de lettres modernes, Léo Henry a mené de front le début de sa carrière littéraire et des "petits boulots". Il a voyagé aux États-Unis et vécu au Brésil, présents dans son œuvre. À partir de la fin des années 2000, Léo Henry entame une collaboration avec Jacques Mucchielli (décédé en 2011), dont naîtront quatre livres. La modernité, la musique populaire ou encore la boisson et les bistrots font partie de ses sujets de prédilection.

Pitch. Religieuse, visionnaire, scientifique, poétesse et compositrice, l’abbesse Hildegarde de Bingen n’a cessé, depuis sa mort, d’inspirer femmes et hommes. Figure totale du Moyen-âge européen, elle déborde des limites du 12è siècle et de la vallée Rhin où elle vécut : depuis sa berge de fleuve, entre Mayence et Cologne, Hildegarde rayonne sur l’univers entier.

Née au moment où la première Croisade arrive à Jérusalem, elle meurt tandis que naissent les premiers chevaliers de romans. À son expérience de femme de pouvoir, son œuvre mêle observations et visions, unissant sous une même énergie vitale les mondes réels, imaginaires et divins.

Léo Henry crée, autour de Hildegarde, un livre-monde qui emprunte ses formes autant au récit épique, qu’à l’hagiographie ou au roman picaresque. Une fresque, qui court de la création du monde à l’Apocalypse, et explore l’intrication du temps qui passe et des histoires que nous nous racontons.

Ce que j'en ai pensé. Dans mon esprit, Léo Henry était associé à une sorte de post-exotisme que j’apprécie tout particulièrement autour de la ville de Yirminadingrad. N’ayant pas encore eu l’occasion de le lire ailleurs, je n’avais jeté qu’un regard assez peu approfondi lors de la sortie de Hildegarde, le thème de la biographie historique m’attirant assez peu.

Ce n’est donc qu’après en avoir longuement entendu parler dans une émission de la Salle 101 que j’ai revu ma copie et bien m’en a pris. S’il est vrai que l’auteur va ici s’intéresser et centrer son récit autour de cette abbesse du moyen-âge, ce livre est beaucoup plus vaste que cela et passe son temps à tourner autour et décrire à la fois un contexte historique et beaucoup d’autres personnages que vraiment parler de la vie de Hildegarde.

Ni vraiment un roman, ni un récit purement historique, ce livre est tout à fait inclassable (et ne chercher d’ailleurs pas à l’être). Il nous conte une époque, des mythes autour de la vie des saints, des récits de guerre et de vie quotidienne, et bien d’autres choses encore. L’auteur nous plonge au coeur du Saint Empire, dans cette époque du moyen âge que l’on connaît assez mal et fait preuve d’une très grande érudition sans jamais assommer le lecteur de son savoir. Qui plus est, il le fait avec un style à la fois léger et, d’une certaine manière, désuet. Avec quelques formulations, il parvient à nous faire changer d’époque et c’est véritablement un régal à lire.

Je reste donc encore assez émerveillé par une telle prouesse et une tel exercice de style qui va rester un de mes meilleur souvenirs de lecture de cette année.

diaspora*
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