Heineken en Afrique, une multinationale décomplexée

Olivier van Beemen

Dans cet essai passionnant, nous plongeons au coeur de l’afrique et des pratiques douteuses des multinationales de l’alcool.

Heineken en Afrique

Quelques mots sur l'auteur. Olivier van Beemen est un journaliste d’investigation néerlandais spécialisé sur l’Afrique. Il a été pendant dix ans correspondant en France et travaille régulièrement pour Le Monde. Suite à la parution de Heineken en Afrique, il a été invité à donner des conférences lors de réunions internationales en Afrique et en Europe, et dans plusieurs universités.

Le livre est même devenu le sujet d’un cours d’histoire à l’université d’Amsterdam.

Pitch. Fondée en 1873 à Amsterdam, Heineken est un fleuron de l’industrie néerlandaise et un symbole de la mondialisation triomphante, au même titre que Coca-Cola. Présente dans 170 pays, l’entreprise a fait de son implantation en Afrique, « le continent de demain », un objectif prioritaire.

Au terme d’une enquête de cinq années, qui l’a conduit à mener plus de trois cents entretiens dans onze pays africains et à consulter des centaines de documents émis par l’entreprise elle-même, Olivier van Beemen met en évidence les pratiques d’une multinationale dans une partie du monde où les États sont souvent défaillants : collaboration avec des dictateurs, voire des criminels de guerre, évasion fiscale, corruption des élites, etc. Il raconte avec précision les mécanismes qui permettent à Heineken de réaliser une marge financière de 50 % supérieure à la moyenne mondiale sur ce marché, tout en prétendant participer du développement économique du continent africain.

Heineken a en effet réussi à imposer son propre récit : celle d’une pionnière qui, malgré les obstacles liés au manque d’infrastructures, de pouvoir régalien et d’éducation en Afrique, aurait su oublier ses intérêts pour rafraîchir de sa production une population reconnaissante. Heineken serait « bon pour l’Afrique ». Or c’est plutôt le contraire : l’absence de réglementation en matière de marketing ou de santé a constitué un avantage dont la firme a tiré le meilleur profit, sans jamais tenir compte des dommages causés par l’abus d’alcool aux économies et aux sociétés dans lesquelles elle opère.

Ce que j'en ai pensé. Bien que le propos soit centré sur la firme Heineken, l’auteur nous prévient qu’il aurait pu s’intéresser aux autres mastodontes du secteur tant leurs comportements sont similaires. Malgré tout, Heineken a investi le continent un peu avant les autres avec un comportement de prédateur vis à vis des marques locales et mensonger quant à ses discours sur la santé.

Le travail entrepris par le journaliste est très fouillé et bien documenté. Il a pu avoir de nombreux contacts et reconstruire l’histoire et la manière dont Heineken s’y est pris dans de nombreux pays.

C’est un travail passionnant à lire, du véritable journalisme d’investigation. Il est aussi important de signaler que c’est une enquête de terrain, au plus près des populations et non un travail uniquement sur chiffres et volumes de vente.

Si la françafique est un fléau bien connu, d’autres multinationales ont le même comportement prédateur.

diaspora*
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