Femme d'argile et d'osier

Robert Darvel

Prenant pour décor la forêt amazonienne et, pour personnage, celui qui a inspiré Indiana Jones, l’auteur s’éloigne du récit pulp pour s’ancrer au réalisme magique.

Femme d'argile et d'osier

Quelques mots sur l'auteur. Robert Darvel, né en 1958, se nomme ainsi suite à la découverte, à l’âge de 10 ans, du Prisonnier de la Planète Mars de Gustave Le Rouge.

Après une parenthèse en librairie et dans la communication visuelle, il créée en 2005 la maison d’édition Le Carnoplaste et se voue depuis à amuser le lecteur en publiant de nouveaux textes de littérature populaire présentés sous une forme désuète. Il est l’auteur, entre autres, de nouvelles aventures du détective Harry Dickson écrites à partir d’étranges couvertures ; de celles de Jeanne d’Arc (contre Jean de La Hire et ses Boy-Scouts), du Psychagog, ainsi que de textes et nouvelles pour l’Amicale Jean Ray, Malpertuis, Fiction, Bibliogs ou Rivière Blanche.

Pitch. Le 24 juillet 1911, Pérou ; au terme d’une expédition partie de Cuzco, Hiram Bingham (modèle d’Indiana Jones) découvrait l’extraordinaire site inca du Machu Picchu ― et il se désintéressa aussitôt des ruines ensevelies par la forêt depuis quatre siècles, car il avait rencontré le matin même au pont de Mandor Pampa, après un chassé-croisé de cinq jours, une superbe femme d’osier, d’argile et très peu vêtue de cuir rouge, égarée hors du reflet dissimulé sous la vieille montagne. Et lorsqu’il s’agit de la raccompagner, impossible de retrouver « l’œil » par lequel elle s’était glissée chez nous. Depuis toujours, ce « passage » est disputé par des hommes de rouille et de fer perdus, eux, dans les brumes de « l’en deçà » lors de la conquête espagnole.

Sauvages, Indiennes invisibles, espiègles poupées hautes comme la main, pierre qui parle, muletier en sureau démontable, unijambiste dévoré par sa prothèse-greffon ― ainsi qu’un scaphandre vivant et une très vieille, très sage et très forte femme ne seront pas de trop pour aider le véritable Hiram Bingham à avancer dans la jungle de l’Altiplano, à combattre des conquistadores-zombies et à ramener Magdala et son amie Puccãlpina chez elles… ou dans un autre ailleurs hallucinant...

Ce que j'en ai pensé. L’auteur prend ici le contre-pied des récits d’explorations et d’aventures pour nous offrir une lente découverte des mystères de la forêt et d’anciennes civilisations hors de l’espace et du temps. Le fantastique s’insinue doucement dans le récit et se trouve bien accepté par les personnages, c’est en cela qu’il peut se rattacher au réalisme magique de cette région.

Difficile également de ne pas avoir en tête les films de Werner Herzog ayant pour décor ces régions de forêts impénétrables et de ne pas chercher le regard halluciné de Klaus Kinski derrière certains personnages.

Je me suis donc vraiment laissé porter par l’écriture un peu onirique de l’auteur en retrouvant un peu l’immense plaisir que je peux avoir avec Gene Wolfe.

diaspora*
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