Chien du heaume

Justine Niogret

Sur le coup, j'avoue avoir été bluffé. Dans les règles de l'art de la fantasy, il faut en faire des tonnes, pondre une dizaine de tomes bien dense avec des centaines de personnages, perdre totalement le fil de l'intrigue originelle et finir par en avoir marre et mourrir pour laisser à un autre le soin de finir l'oeuvre. Et là non en fait. C'est court, incisif, allant à l'essentiel, profondément original et non dénué d'une grande brutalité parfois. Si de plus l'auteure est une jeune habitante de Brocéliande adepte des arts de la forge, forcément cela intrigue. .. read_more

Pour résumer, une jeune femme au physique peu avenant, mais qui compense avec une grosse hache, est à la recherche de son nom afin de tourner la page de son histoire familiale dans un haut moyen-âge sombre et inquiétant. Elle effleurera au passage cet univers fait de douleur et à l'orée d'une nouvelle époque ou la magie féérique tend à vivre son crépuscule.

D'ailleurs, de magie ou de fantasy nous n'en voyons guère que l'esquisse et c'est bien. A l'inverse, nous avons droit à des hommes rugueux, des guerriers habitués à affronter des hivers rigoureux au coeur d'un citadelle, transformant ainsi le roman en un huis-clos oppressant.

La quête de Chien sert de fil d'arianne et n'est en fait qu'un pretexte pour découvrir le monde, à tel point que l'héroïne finit par ne plus véritablement y penser et par jouir de son status de vassalité envers le seigneur de son chateau. Il faudra attendre le sanglant dénouement pour enfin connaître son vrai nom.

Le texte est servi par une très belle écriture, froide et rigoureuse, inspiré en fait par l'idée que l'on se fait de la manière dont on pouvait parler à l'époque. Cela donne aux dialogues un caractère désuet de vieux textes à peine traduit du latin et lu sur des incunables gothiques totalement illisibles.

Au contraire, l'appendice regroupant l'explication (globalement inutile car les termes ne comprennent d'eux même mais l'intérêt n'est pas dans le fond mais dans la forme) de divers mots et expressions qui laisse là s'exprimer tout le talent humouristique de l'auteure qui a, de son propre aveu, dû se forcer pour écrire un roman totalement dénué d'humour. Le naturel reprenant le pas, elle a pu laisser libre court à celui ci dans l'appendice.

Une seconde très bonne lecture pour ce début d'année avant de se lancer dans Zen City de Grégoire Hervier dans un style totalement différent.

diaspora*
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