Bonheur Tm

Jean Baret

Ce roman est le premier tome d’une trilogie thématique : Trademark. Avant Vie ™ et Mort ™ il commence par s’attaquer au bonheur.

Bonheur Tm

Quelques mots sur l'auteur. Jean Baret est né le 6 mars 1971 à Marseille. Il est Docteur d’Etat en droit après avoir été assistant de justice pendant 4 ans. Il est aujourd’hui avocat. Jean Baret n’a pas le permis de conduire, ne fume pas, ne se drogue pas, mais fait beaucoup de bodybuilding. Il a pris 22kgs de muscles ces dernières années. Jean Baret déteste la vue du sang. Jean Baret réfléchit beaucoup au divin marché. Jean Baret sait pertinemment que Dieu n’existe pas et ça le rend malade. Son nouveau roman, Bonheur Tm, vient de paraître aux éditions Le Bélial.

Pitch. Demain. Quelque part dans la jungle urbaine… Il ouvre les yeux. Se lève. Y a du boulot… « Avez-vous consommé ? » Il contemple l’hologramme aux lettres criardes qui clignotent dans la cuisine sans parvenir à formuler la moindre pensée. « Souhaites-tu du sexe oral ? » La question de sa femme l’arrache à sa contemplation. Il réfléchit quelques secondes avant de refuser la proposition : il a déjà beaucoup joui cette semaine et il n’a plus très envie. Sans oublier que le temps presse. Sa femme lui demande de penser à lui racheter une batterie nucléaire. Une Duracell. Il hoche la tête tout en avalant son bol de céréales Weetabix sur la table Microsoft translucide qui diffuse une publicité vantant les mérites d’une boisson caféinée Gatorade propice à l’efficacité. Il se lève, attrape sa femme, lui suce la langue pendant de longues secondes, puis enfile sa veste Toshiba – son sponsor de vie – et se dirige vers la porte. Dans le ciel encombré, sur les façades des tours, sur le bitume, ou simplement à hauteur d’homme, des milliers d’hologrammes se déplacent lentement au gré de courants invisibles au cœur des monades grouillantes. Flic. Section des « Crimes à la consommation », sous-section « Idées ». Veiller à la bonne marche du monde, telle est sa mission. Autant dire que la journée promet d’être longue.

Ce que j'en ai pensé. C’est une œuvre coup de point qui commence cette trilogie. Dès les premières phrases, on se retrouve plongé dans le coeur du roman : la nécessité du bonheur jusqu’à l’écoeurement. La société dans laquelle va évoluer le personnage est entièrement sur un droit au bonheur qui a évolué en devoir de consommation et à la manière dont les personnes peuvent s’adapter à cette situation.

Le style adopté par l’auteur se prête merveilleusement bien à cela en multipliant les répétitions et les variations autour des mêmes situations jusqu’à provoquer chez le lecteur une certaine lassitude et un ecoeurement qui fait écho à celui du personnage par moment.

Plus qu’une intrigue, c’est plus l’état de la société et sa proximité avec la nôtre qui font l’intérêt du roman à mon sens. L’auteur se réfère d’ailleurs à l’oeuvre de Dany-Robert Dufour et une postface du philosophe complète parfaitement le livre.

L’obligation de la consommation m’a rappelé un peu Le pavé de l’enfer de Damon Knight qui dénonçait déjà la société consumériste en 1955.

Pour résumer, c’est donc une dystopie majeure et une des grands romans de 2018 qu’il faut absolument avoir lu, même si l’on n’en ressort pas indemne.

diaspora*
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