Sauvagerie

James Ballard

Sale, pourrie et hâtivement maquillée pour masquer son vide et sa laideur, la société moderne prend ici un visage particulièrement repoussant. Mais vrai. À ce titre, Sauvagerie est plus qu’un excellent moyen d’aborder l’oeuvre d’un des plus grands écrivains anglais.

Sauvagerie

Quelques mots sur l'auteur. James Graham Ballard, plus connu sous la signature J. G. Ballard, est un écrivain de science-fiction et d'anticipation sociale anglais né le 15 novembre 1930 à Shanghai en Chine et mort le 19 avril 2009 des suites d'un cancer de la prostate à Londres en Angleterre.

L'œuvre de Ballard est étrange et sophistiquée et a été très influente malgré son faible succès commercial. Il explore la face sombre des citadins des grandes mégalopoles, excellant dans la peinture de personnages en apparence normaux, cadres supérieurs, gens policés, qui s'avèrent obsédés par la violence et les perversions sexuelles. Super Cannes se déroule dans un cadre a priori idyllique sur la Côte d'Azur, mais les brillants cadres de multinationales s'y révèlent des sadiques qui organisent des descentes racistes.

Pitch. Pangbourne Village est un enclos résidentiel de luxe près de Londres, où une dizaine de familles aisées - directeurs généraux, financiers, magnats de la télé - vivent en parfaites harmonie et sécurité. Jusqu'au jour où l'on découvre que tous les enfants viennent d'être kidnappés et leurs parents sauvagement massacrés. Deux mois après les faits, les enlèvements ne sont toujours pas revendiqués. Les enquêteurs sont dans l'impasse. Impuissants, ils se repassent avec effarement la vidéo tournée sur la scène du crime. La froideur méticuleuse des assassinats ajoute à l'impression d'être en présence d'une tuerie hors norme. La police décide de faire appel à un psychiatre, le docteur Richard Greville, pour reprendre l'enquête.

Ce que j'en ai pensé. L'auteur nous livre ici un roman sur un de ses thèmes classiques, à savoir les conséquences de la société moderne sur l'être humain. Nous sommes donc bien dans un roman d'anticipation mais basé sur les sciences sociales plutôt que les sciences dures, tout à fait dans l'esprit de la nouvelle vague des années 70 et la revue New Worlds.

La description froide et clinique des évènements renforce encore le côté terrifiant du massacre de Pangbourne. Ayant déjà lu par le passé la première traduction (Le massacre de Pangbourne paru aux Mille et une nuits), j'ai abordé cette lecture afin de tester la nouvelle traduction.

A priori, celle-ci est beaucoup plus fluide et moins littéraire mais il me faudrait encore relire l'original pour vérifier quelle traduction est la plus fidèle.

Pour finir, ce court roman reste bien parmi ces grandes oeuvres, à mon sens, même si sa notoriété est bien moins que Crash!, La foire aux atrocités ou La forêt de cristal. Je serais d'ailleurs bien en peine de conseiller un unique Ballard tant son oeuvre dans son ensemble est à lire (bon à la limite j'ai un faible pour le Jour de la création).

diaspora*
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