Royaume de vent et de colères

Jean-Laurent Del Socorro

Placé entre l'Histoire et la fantasy, ce premier roman de Jean-Laurent Del Socorro est époustouflant de maîtrise et d'érudition.

Royaume de vent et de colères

Quelques mots sur l'auteur. Jean-Laurent Del Socorro est un auteur indépendant français né en 1977, passionné de jeux de rôle.

Son premier roman est "Royaume de vent et de colères", paru en 2015, mais il a publié, en 2012, une nouvelle "La mère des mondes"

Pitch. 1596. Deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi. À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme.

Les pions sont en place.

Le mistral se lève.

La pièce peut commencer.

Ce que j'en ai pensé. Partant d'une situation historique extrêmement intéressante quoique fort méconnue, l'auteur nous emmène en 1596 à Marseille dans les derniers soubresauts de la guerre de religion qui faisait rage à l'époque dans notre bon royaume de France (pour les amateurs, la période n'a rien à envier au trône de fer). Le fantastique intervient dans le récit avec l'artbon apportant une magie particulière.

Nous y suivons à travers leurs yeux respectifs le destin de quelques personnes (Axelle l'ancienne mercenaire, Gabriel le vieux chevalier, Victoire qui dirige une guilde d'assassins, Armand l'artbonnier et Silas l'assassin). Très vite, ces destins vont se croiser, encore et encore, jusqu'à une apex à la fois fatalement et logiquement prévisible ce qui n'enlève rien au récit, bien au contraire.

La construction se fait en trois parties : une mise en position de la scène, des retours en arrière qui expliquent l'origine des personnages et le pourquoi de leur présence à Marseille et pour finir le dénouement.

La mécanique de l'ensemble fonctionne merveilleusement bien et le récit s'enchaîne sans temps mort. Les personnages sont tous intéressants, sans que l'un d'eux soit plus mis en avant qu'un autre et l'on se prête ensuite volontiers au jeu que l'auteur de la préface, Ugo Bellagamba, nous soumet, à savoir à qui l'on repense en premier lorsque le livre se referme.

Pour ma part, j'en ai discuté un peu avec l'auteur et celui qui a le plus retenu mon attention reste Armand, peut-être parce que je pense que c'est celui qui évolue le plus dans son fonctionnement au cours du roman. Les autres suivent pour moi un chemin logique et réagissent donc en fonction de leurs caractères. Armand joue plus le rôle d'un électron libre.

On peut d'ailleurs établir un parallèle : nous ne sommes pas dans une uchronie et le fil de l'histoire générale ne change pas, tout comme la majorité des personnages. Armand pour sa part est artbonnier, et l'artbon constitue la pointe de fantastique que l'auteur introduit dans le récit pour ne pas faire de fiction historique mais ancrer celui-ci dans une fantasy historique assez intéressante. Donc tout comme l'artbon perturbe l'Histoire, Armand amène une pointe d'inconnue. C'est du moins la manière dont je l'ai ressenti.

Au final, c'est un véritable coup de maître pour ce jeune auteur, découvert par hasard sur un étal au festival Trolls & Légendes de Mons et je compte bien du coup prendre le temps de lire une nouvelle parue il y a quelques temps sur le site du Bélial dans un registre SF cette fois.

diaspora*
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