Andreas
Personnage emblématique d'Andreas, Rork m'a toujours marqué par son élégance, sa silhouette et son aura de mystère.
Quelques mots sur l'auteur. Andreas (de son vrai nom Andreas Martens) est un scénariste et dessinateur de bande dessinée, né le 3 janvier 1951 à Weißenfels, en Allemagne.
Il débute en participant aux revues (À suivre), Le Journal de Tintin et Métal hurlant.
En 1978 il crée le personnage de Rork pour la revue Le Journal de Tintin. Ses aventures seront reprises en albums dans la collection Histoires et légendes des éditions Le Lombard.
Son premier album publié est Révélations posthumes en 1980 aux éditions Bédérama, avec François Rivière comme scénariste. C'est un recueil des quatre histoires imaginaires sur les écrivains H. P. Lovecraft, Agatha Christie, Jules Verne, et Pierre Loti, parues dans la revues (À suivre) et utilisant la technique de la carte à gratter.
Auteur prolifique, il a publié une quarantaine d'albums en 25 ans. Il sait se faire le déconstructeur facétieux du récit à suspense. Exploitant à fond les possibilités graphiques de son art, poussant constructions narratives et découpages audacieux vers une complexité sans concession (Cyrrus-Mil, le Triangle rouge, X-20), Andreas construit une œuvre sincère, parfois déroutante, mais unique.
Il est émule à la fois de H. P. Lovecraft, d’Edgar Allan Poe et de la série noire dans les thèmes qu'il aborde ; graphiquement, il se dit influencé par Bernie Wrightson et Neal Adams (ce n'est pas par hasard que deux personnages de Rork s'appellent respectivement Bernard Wright et Adam Neels), mais aussi Barry Windsor-Smith ou même Alex Toth (autrement dit par des dessinateurs de comics).
Pitch. Promenant sa silhouette efflanquée et sa blanche chevelure partout où l'inexplicable règne en maître, Rork est une sorte d'enquêteur du paranormal. Evoluant entre les mondes au gré des passages, il lui arrive d'y laisser des morceaux de lui-même. Commence alors le chemin d'une lente reconstruction, rythmée par les découpages novateurs d'Andreas. Cette intégrale réunit la nouvelle préquelle (T0 : Les fantômes), les trois premiers tomes de la série originale (T1 : Fragments, T2 : Passages, T3 : Le cimetière des cathédrales), deux histoires courtes ainsi qu'un dossier spécial sur l'univers du personnage, et sur l'auteur Andreas. La seconde intégrale reprend les tomes suivants de la série. « Vous êtes entré dans la dimension Rork. Un conteur hors-pair doublé d'un génie du dessin vous y précipitera dans des abîmes fantastiques à la rencontre de monstres superbes ».
Ce que j'en ai pensé. Mon premier contact avec Rork, et le travail d'Andreas en général, date de ma jeunesse. Dans mon souvenir, j'avais dû en lire quelques planches dans le journal de Tintin mais sans être contextualisées dans une histoire complète. J'ai pu par contre vite me rendre compte du talent de dessinateur. Plus tard, la médiathèque municipale ayant la bonne idée d'avoir un bon suivi sur cet auteur, j'ai pu reprendre à zéro.
En effet,pour bien apprécier l'histoire, il faut vraiment la lire, sinon d'une traite, du moins sans trop laisser passer de temps. Pour autant, il n'est pas certain que l'auteur ait eu dès le départ une idée complète de la série. Les deux premiers albums sont des fragments discontinues de courtes histoires dans une atmosphère très lovecraftienne. Le fond évolue ensuite plus vers une forme de retrofuturisme teinté d'étrange que l'on peut ranger dans le courant Weird. C'est encore plus visible dans la série spin-off Capricorne, encore plus orientée pulp (toujours en cours de parution).
Rork est donc avant tout une série d'ambiance et de mystère qu'il vaut mieux relire plusieurs fois afin de bien tout saisir. J'ai certainement dû encore passer à côté de pas mal de choses.
Du côté de la forme, Andreas a repris du comics américain un découpage très dynamique, beaucoup moins conventionnel que la franco-belge de l'époque. Il joue d'ailleurs énormément sur la mise en scène de la page. L'avantage également de cette intégrale, c'est de voir l'évolution du trait. Précis et détaillé au départ, une épuration se fait au fur et à mesure. Si on peut regretter la perte d'une certaine élégance, on y gagne énormément en lisibilité en renforçant le caractère propre de chaque personnage.
Je ne peux donc que conseiller bien sûr cette intégrale, de même que les autres oeuvres d'Andreas. Si l'on est amateur de longues séries, Ark et Capricorne restent des incontournables.