Neal Stephenson
En premier lieu, je suis bien content de l'avoir fini car le format n'est vraiment pas idéal pour les transports en commun (surtout quand le commun est légion).
Ce livre me laisse surtout un sentiment assez mitigé. Certes c'est un bon roman, on ne peut pas dire que ce soit véritablement de la science-fiction mais c'est geek. L'intrigue est intéressante, les personnages sont assez attachant ce qui est déjà bien. Mais le problème est ailleurs.
Plusieurs choses me gènent. Tout d'abord les personnages sont tous terriblement trop rationnels, on a vraiment l'impression d'avoir affaire à des machines pensantes qui vont parfaitement analyser une situation, anticiper logiquement, percevoir tous les détails d'une scène en une fraction de seconde, etc. Il n'y a pas vraiment de place au hasard, tout est calculé, millimétré. A la longue c'est un peu agaçant.
Ensuite c'est un roman très léger par rapport ses précédents nettement plus ambitieux (Anathem ou le Cycle Baroque par exemple).
De plus c'est beaucoup trop long, trop détaillé. Les quelques 200 dernières pages portent sur une durée d'à peine quelques dizaines de minutes. En bref, 300 pages de moins n'auraient certainement pas nui à la qualité finale.
Enfin le plus dérangeant c'est que c'est un roman profondément idéologique qui fait, non pas véritablement l'apologie de l'individualisme, mais qui occulte complètement et volontairement le rôle et la place des états. Le monde est là dessus assez stéréotypé : Russie = mafia, Chine = police politique, Philippines = prostitution enfantine, et USA = survivaliste. Les transports ne se faisant que via des jets privées ou des officines de sécurité. Les personnages incarnent directement les archétypes de leur pays. Je ne sais pas si l'auteur croit au fond de lui que le monde se porterait mieux sans état et simplement avec des individus hautement rationnels ou si c'est sa vision du futur, et dans ce cas c'est effectivement un roman de SF.