Fanny Taillandier
Conçu comme une exploration archéologique, cette étude des grands lotissements pavillonaires permet une première approche très fragmentaire de la question.
Quelques mots sur l'auteur. Fanny Taillandier est écrivain et critique. Son travail se situe au croisement de la littérature et des questions urbaines. Elle collabore à différentes revues, dont L'atelier du roman, Vacarme et Urbanités. Son premier roman, Les confessions du monstre (Flammarion, 2013), a reçu le prix littéraire Grandes Écoles.
Pitch. Le lotissement a été le grand rêve urbanistique de la seconde moitié du vingtième siècle. Le rêve d'une maison à soi, où reconstituer une vie qui rassemblerait tous les traits d'une Arcadie à la fois familiale et communautaire, fondée sur l'égalité et la propriété. Il n'en a rien été.
Aujourd'hui, le lotissement pavillonnaire est devenu le repoussoir absolu le lieu d'une vie où ne règneraient plus qu'ennui, vide et mauvais goût. En retraçant, par une multitude virtuose de moyens, l'histoire presque quotidienne d'un lotissement disparu, Fanny Taillandier dresse ainsi le portrait mi-grinçant, mi-ému, d'une utopie et du douloureux réveil qui a suivi son effondrement, en même temps que de ce qui, dans cet effondrement même, continue à nous séduire. Car, à travers cette histoire, c'est encore notre quête naïve d'un habitat idéal qui continue à se lire quête qui se déplace désormais ailleurs, dans d'autres rêves, appelant d'autres déceptions.
Ce que j'en ai pensé. Ayant vécu toute mon enfance dans un lotissement pavillonaire de grande taille, j'ai toujours trouvé cet univers assez fascinant. Très différente de l'aliénation des grandes barres d'immeubles d'après-guerre, le lotissement n'en a pas moins permis de développer certaines pathologie.
La forme choisie pour présenter cette étude sociologique est assez curieuse. Loin d'un essai purement technique, c'est par le biais d'une expédition futuriste découvrant l'un de ses lotissements donnant l'occasion de présenter une brève approche historique et des tranches de vies. Si la lecture s'en trouve ainsi faciliter, je trouve que l'on perd trop le vrai sens du propos et que l'auteure ne va pas assez au fond de choses. Le thème est trop survolé pour que l'on ne reste pas sur sa faim. Néanmoins, l'on est poussé par faire ensuite soi-même quelques recherches pour aller plus loin et tenter de comprendre ce monde assez fascinant.
La forme littéraire permet parfois d'aller assez loin, beaucoup de romans traitent d'ailleurs de maux se développant dans ces étranges banlieues d'apparence si tranquille. Car c'est bien cela qui est le véritable problème : croire qu'en fabriquant des lieus très ouverts, sans séparation entre les pavillons, cela n'aboutirait pas à ce que les habitants cachent le plus de choses possibles.
Quant à conseiller ce livre au final, je ne saurais me prononcer. Il laisse un arrière goût d'inachevé mais n'est pas inutile pour autant à ceux qui s'intéressent à ce sujet.