Gagner la guerre

Jean-Philippe Jaworski

Considéré par beaucoup comme le chef d'oeuvre de Jean-Philippe Jaworski, ce roman est effectivement un très grand récit de fantasy.

Gagner la guerre

Quelques mots sur l'auteur. Jean-Philippe Jaworski est né en 1969. Après des études de lettres, il est actuellement professeur de lettres modernes au Lycée Notre-Dame Saint-Sigisbert à Nancy.

En 1983, il découvre le jeu de rôles, et devient l'auteur de deux jeux de rôles amateurs : Tiers Âge, qui permet de jouer dans l'univers du Seigneur des anneaux de Tolkien, et Te deum pour un massacre, un jeu de rôle historique se déroulant en France pendant les guerres de religion. Te deum pour un massacre aboutit à une édition professionnelle en 2005.

Jean-Philippe Jaworski a publié en 2007 un premier recueil de nouvelles de fantasy salué par la critique, Janua Vera (paru chez Les Moutons électriques et réédité depuis en poche). En 2009, il publie un premier roman, Gagner la guerre, qui remporte le Prix Imaginales dans la catégorie « Roman francophone ». Ces deux livres se déroulent dans le Vieux Royaume, un univers de fantasy où la magie est assez peu présente, quoique puissante, et qui puise largement son inspiration dans le roman de cape et d'épée et le roman historique (Renaissance italienne).

En 2013 il publie Même pas mort, premier tome d'une trilogie intitulée Rois du monde se déroulant chez les Celtes, et notamment les Bituriges (prix Imaginales 2014).

Pitch. Au bout de dix heures de combat, quand j'ai vu la flotte du Chah flamber d'un bout d l'autre de l'horizon, je me suis dit : « Benvenuto, mon fagot, t'as encore tiré tes os d'un rude merdier ». Sous le commandement de mon patron, le podestat Leonide Ducatore, les galères de la République de Ciudalia venaient d'écraser les escadres du Sublime Souverain de Ressine. La victoire était arrachée, et je croyais que le gros de la tourmente était passé.

Je me gourais sévère. Gagner une guerre, c'est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d'orgueil et d'ambition, le coup de grâce infligé à l'ennemi n'est qu'un amuse-gueule. C'est la curée qui commence. On en vient d regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l'art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c'est au sein de la famille qu'on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c'est plutôt mon rayon...

Ce que j'en ai pensé. Après l'introduction au Vieux Royaume que constituait le recueil de nouvelles Janua Vera, je suis passé dans le vif du sujet avec ce grand roman. Reprenant quelques personnages entrevus dans les nouvelles, il est néanmoins centré sur l'un d'entre eux, Benvenuto Gesufal, personnage haut en couleur et fort en gueule. C'est au travers de mémoires autobiographiques que nous allons donc être emportés.

S'il peut parfois paraître épique, le récit de rattache plus à de la crapule fantasy et au roman de cape et d'épée. Le style de Jaworski se reconnaît au premier coup d'oeil avec ce vocabulaire recherché mélé d'argots divers. Les dialogues sont assez truculentset les personnages toujours haut en couleur. J'ai parfois eu un peu de mal avec les noms à consonnances italiennes pour arriver à bien situer chacun.

J'ai toutefois quelque regrets et critiques. En premier lieu, on peut noter une quasi absence de personnages féminins, et globalement un traitement très négatif de la gente féminine. On pourrait mettre ça sur le fait que le récit est vu à travers un personnage assez macho mais je crains que ça n'aille un peu plus loin. Par ailleurs, le noeud des intrigues tend à devenir de plus en plus complexe et, si l'auteur parvient bien à retomber sur ses pieds, c'est parfois un peu capillotracté. Une partie reste d'ailleurs en suspend en prévision d'une suite. Sinon, on peut également trouver très exagérées les actions du personnage vu son état physique une bonne partie du temps.

Malgré quelques imperfections, ce roman reste un des grands récits de fantasy de ces dernières années et c'est avec plaisir que j'attends la suite.

diaspora*
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