Karim Berrouka
En injectant une bonne dose de féerie dans le roman noir, Karim Berrouka revisite avec humour et dérision la fantasy urbaine. Amateurs de fées déjantées, d’arbalètes, et d’herbe qui fait rire, laissez-vous charmer !
Quelques mots sur l'auteur. Karim Berrouka, qui confesse avec humour préférer dans l'imaginaire avant tout « son manque de réalisme », a publié deux romans, Cyclones et La Porte, avant de se résoudre à publier aux éditions ActuSF un recueil au titre improbable : Les Ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ?
Pitch. La dernière fois que Jaspucine a mis un pied dans le monde des hommes, elle en a littéralement perdu la tête : la Révolution française n’a pas été une période très profitable pour les créatures féeriques. Sauf pour Zhellébore, l’enfoirée qui l’a envoyée à l’échafaud. La vengeance étant un plat qui se mange froid, Jaspucine est bien décidée à retrouver la traîtresse. Même si pour cela elle doit s’attacher les services d’un détective. Mais à force de remuer ciel et terre, c’est sur une conspiration bien plus grande que la fée et l’enquêteur vont tomber.
Ce que j'en ai pensé. D'abord intrigué par ce titre ô combien évocateur d'absurde, de franche rigolade ou de tout autre chose, je profitais du festival Trolls et légendes pour me le procurer ainsi qu'une dédicace au passage. Du coup je regrette presque de ne pas l'avoir lu auparavant pour en discuter avec l'auteur.
Dans la forme, il s'agit principalement d'un polar mais situé dans un univers d'urban fantasy puisque de fées il va bien être question. Le titre du roman est d'ailleurs tout à fait explicite puisqu'il sera également question d'herbe qui rend idiot ainsi que de guillotine.
L'intrigue reprend très grossièrement les poncifs des légendes du monde des fées à base d'enfants échangés, de lutte entre l'ombre et la lumière, de politique et de mesquinerie. Le mélange de ces classiques et du roman noir est magnifiquement réalisé, renforcé en cela par une écriture légère et efficace.
Pour ce qui est des personnages, les humains se retrouvent très vite largués dans ce monde féérique mais s'adaptent globalement assez bien à cela. On peut d'ailleurs se poser beaucoup de question sur un des personnages surnommé Premier de la classe par ses confrères. L'auteur ne donne aucune véritable hypothèse (et ne prévoit a priori pas de suite) donc le lecteur en est réduit à glaner des indices au grè des pages et à se demander pourquoi il est si bizarre. Je me garderais mon hypothèse pour moi bien sur.
Du côté féérique, le stéréotype de l'être éthéré en prend un sacré coup et cela fait un bien fou de les entendre jurer comme des charretiers.
Bref, je suis totalement conquis et je ne peux que vous conseiller de lire ce roman au plus vite.