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En une douzaine de nouvelles, ce recueil interroge des auteurs de science-fiction sur l'avenir du travail. Le résultat est littérairement brillant mais assez sombre quant à leurs visions.
Pitch. LE TRAVAIL QUI VIENT : thème majeur de nos sociétés occidentales, enjeu canonique des élections présidentielles, première cause de mouvements sociaux lors de la Loi El Khomri et de dossiers dans la presse. Et si la fiction s’en mêlait à son tour ?
Entre disparition et retour au plein-emploi, les écrivains de science-fiction prennent parti. Lorsque les éditions La Volte lancent, le 1er mai 2016, en pleine ébullition de « Nuit Debout », l’appel à textes qui conduira au présent recueil, les ambitions levées pour les auteurs sont claires : dans un monde aux mutations espérées et redoutées à la fois, anticiper et projeter les devenirs possibles du Travail.
On présageait des utopies positives ; il en émerge des bribes, çà et là. Même si ce sont des textes résolument féroces, sombres parfois, indignés toujours, qui nous percutent de plein fouet. Dîner aux chandelles sur les ruines de la Commune de Paris ; burnout d’un écrivain face aux lois du marché ; jugement constant des uns par les autres sur un faux air de Black Mirror ; uberisation XXL dévorant l’énergie vitale de jeunes actifs sur-diplômés ; trader S.D.F. ; coach à la dérive ; intelligences artificielles séditieuses ; révoltes sociales dans un centre de tri de cercueils…
Telle est l’admirable fête du Bal des Actifs, ce marché furieux où chacun se vend, se donne, se perd ou se vole, cette sarabande au bord du gouffre qu’est notre présent.
Contenu.
Stéphane Beauverger, Karim Berrouka, Alain Damasio, Emmanuel Delporte, Catherine Dufour, Léo Henry, L.L. Kloetzer, Li-Cam, luvan, Norbert Merjagnan, Ketty Steward, David Calvo.
Ce que j'en ai pensé. Réunir autant de talents littéraires dans un recueil pouvait difficilement aboutir à autre chose qu'à cette belle réussite. La thématique abordée ici donne lieue à des interprétations très diverses. Certains récits font froid dans le dos (celui de Catherine Dufour semble une anticipation assez réaliste de l'uberisation actuelle) et d'autres proposent des idées assez originales bien que plus spéculatives encore.
Non dénuées d'humour noir, certaines nouvelles laissent même un brin d'espoir apparaître de temps à autres. Le monde du travail étant assez sinistré en ce moment, il est assez logique que l'écriture de textes s'oriente dans cette voie là.
Une partie des textes se déroule dans un avenir assez lointain et hypothétique et la vision du monde du travail apparaît trop déconnectée pour que l'on puisse vraiment s'y identifier. Seuls quelques textes s'intéressent au futur proche, ce qui est assez dommage à mon sens. Cela fait tout de même peu à regretter vu la qualité globale de l'ensemble.
C'est donc un recueil tout à fait nécessaire à lire en ce moment.